Rwanda
Plus de 6 000 églises fermées, une centaine de mosquées l’auraient également été. Au Rwanda, le gouvernement dit vouloir réguler le milieu religieux. Mais des craintes subsistent alors que le président est régulièrement accusé de violation des droits de l’homme.
Un secteur dont le dynamisme achève d’inquiéter le chef de l’Etat rwandais Paul Kagame. En mars dernier, c’est estomaqué qu’il évoquait la floraison des églises, notamment de réveil, dans son pays.
“700 églises à Kigali”, a-t-il dit à propos des lieux de culte dans la capitale. “Je ne pense pas que nous ayons autant de forages. Avons-nous même autant d’usines ? Cela est un gâchis !”, a-t-il ajouté. Pour le président rwandais, son pays n’a pas besoin de tant de lieux de culte, affirmant que leur nombre élevé ne pouvait qu‘être adapté aux économies plus grandes et plus développées qui ont les moyens de les soutenir.
Pour donc joindre l’acte à la parole, son gouvernement est engagé dans une réforme profonde du secteur religieux. Depuis plusieurs mois déjà, ce sont quelque 6 000 églises et une centaine de mosquées qui auraient été fermées selon la presse locale. Mais le décompte officiel n’a pas encore été communiqué.
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Diplôme de théologie, paratonnerre… désormais exigés
Ces fermetures ont suscité des réactions mitigées dans un pays où les groupes de défense des droits humains accusent régulièrement le gouvernement Kagame de sévir contre la liberté d’expression, ce qu’il a toujours démenti. Les craintes se sont davantage amplifiées lorsque six pasteurs pentecôtistes qui ont protesté contre les fermetures d‘églises ont été arrêtés et accusés de “réunions illégales avec de mauvaises intentions”.
Si les premières raisons évoquées par les autorités pour fermer les lieux de cultes indexés étaient le non-respect des normes de sécurité, d’autres mesures sont désormais envisagées pour définitivement réguler le milieu. Parmi elles, la dissociation des organisations confessionnelles de celles de la société civile, a précisé Alexis Nkurunziza, président du Rwanda Private Leaders Forum, dans un entretien à l’Associated Press.
Par ailleurs, tout pasteur qui voudrait ouvrir une église devra présenter un diplôme en théologie. Si certains estiment que ce diplôme n’est pas accessible à tous en raison de son coût, les partisans de cette injonction pensent que cela permettra de faire le tri.
Une nouvelle exigence pour les églises est également l’installation d’un paratonnerre, après un coup de foudre en mars qui a tué 16 fidèles et blessé 140 autres dans une église adventiste du septième jour, dans le sud du pays.
Le chemin sera désormais long pour les églises du réveil, et même les mosquées rwandaises. Toutefois, cet ensemble de mesures rassure une partie de la population qui s’en félicite en raison des pasteurs véreux qui ne chercheraient que leur pitance quotidienne dans la création de lieux de culte.
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